Nous voilà partis pour notre périple de 4 jours et 3 nuits dans la région du Sud Lipez et du Salar d’Uyuni. Le programme est le suivant:
- Jour 1: Nous roulons en direction d’Uyuni afin de rejoindre la région du Sud Lipez.
- Jour 2: Nous entrons dans la réserve nationale de faune andine Eduardo Avaroa.
- Jour 3: Nous continuons la visite de la réserve nationale et visitons un champ de geysers. Nous terminons avec le coucher de soleil sur le salar d’Uyuni.
- Jour 4: Nous nous levons avant le soleil afin d’observer le lever du soleil sur le salar.
Un programme bien chargé pour 4 jours de route à travers des paysages tous plus incroyables les uns que les autres.
Finalement, nous serons accompagnés de deux autres personnes dans notre voiture (un Suisse et une Française) ainsi qu’un groupe de retraités français dans une autre voiture.
Il s’avère que nous avions déjà rencontré toutes ces personnes de différentes manières au cours de notre voyage.
Nous avions croisé le couple lors de notre randonnée vers le canyon des Incas. Nous étions à pied et ils avaient fait le bon choix de faire la visite à cheval. Quant au groupe de retraités, c’est une rencontre encore plus liée au hasard. Nous les avons aperçus lors de notre escale à Mendoza en Argentine. La probabilité que l’on se revoie dans le même tour était tout de même pratiquement inexistante 😄.
Nos carrosses pour l’occasion sont deux véhicules tous terrains.

La notion de tous terrains est vraiment importante quand l’on visite la région du Sud Lipez. Les routes existent, mais pour la plupart sont formées par le passage fréquent des véhicules au même endroit. Comme les routes ne sont pas goudronnées, le passage de roue ainsi que les pluies fortes et fréquentes vont former d’immenses passages à traverser. Nous sommes donc contents de voir de bons véhicules bien équipés pour notre voyage.
Normalement, nous devrions rejoindre la région du Sud Lipez directement depuis Tupiza sans passer par Uyuni. Mais les jours précédents, une partie de la route que l’on aurait dû emprunter s’est effondrée avec un véhicule d’un tour opérateur. Selon les informations que nous avons pu obtenir, seul le chauffeur est malheureusement décédé. Les passagers sont saufs (la ceinture ayant fait la différence).
Nous avons donc pu découvrir la magnifique ville d’Uyuni.


C’est probablement une des villes les plus désolées que j’ai pu voir. Même un de nos guides nous a indiqué qu’il détestait venir dans cette ville.
Je peux le comprendre. Si l’on compare Tupiza à Uyuni, il y a une autre ambiance. Tupiza a un centre animé avec une jolie place centrale et des restaurants et commerces un peu partout.
Nous nous sommes arrêtés pour dîner et avons repris la route en direction de la région du Sud Lipez.
La route est assez rapidement passé de ça:

À ça:

Non, les camions ne sont pas empêchés de rouler parce que la route n’est pas goudronnée. Pour être honnête, on a dû croiser des camions sur pratiquement tous les chemins que l’on a pris sauf les chemins les plus techniques.
La route est vraiment dure pour les camions et véhicules de manière générale puisque la seule bonne partie de la route est au centre et à chaque croisement, il faut s’aventurer sur le côté. Si le camion s’emballe, il peut finir hors de la route ou dans une lagune comme un de ceux que l’on a croisés.
Lors de notre balade, il y avait beaucoup de rien. Beaucoup d’espaces vides. En venant de Suisse, il est dur de se représenter autant d’espace inutilisé et inoccupé.


Nous croisons de temps en temps différents champs de quinoa. Il y a différentes sortes de quinoa:
- le rouge: utilisé pour les salades
- le noir: utilisation similaire au rouge
- le blanc: utilisé pour faire de la bière
Il s’avère que la majorité du quinoa produit mondialement vient de la Bolivie et du Pérou.


Assez rapidement, nous rencontrons des vicuñas.

Il ne faut pas les confondre avec des lamas ou des alpacas. Ce sont des animaux différents.
Parmi les animaux que l’on peut confondre dans les Andes, il y a:
- les vicuñas (représentés ci-dessus)
- les lamas (représentés plus bas)
- les alpacas
- les guanacos
Parmi ces quatre animaux, seuls les lamas et les alpacas sont domestiqués. Les vicuñas et les guanacos sont sauvages.
Les vicuñas en particulier sont protégés à cause de leur laine extrêmement fine. La valeur de leur laine étant telle que du braconnage était fait contre ces animaux. Leur population a drastiquement chuté et depuis, la population de vicuñas est strictement protégée dans les pays où ils sont présents.
Les lamas par contre ne sont pas protégés et sont domestiqués. On peut donc facilement voir des lamas ayant des bandeaux de tissu aux oreilles. Ces bandeaux sont décoratifs, mais permettent aussi de marquer les lamas afin de connaître leur propriétaire.

Petite blague de notre chauffeur lors de notre rencontre avec ce groupe de lamas: Aquì hay un lama-sutra.

Il y a vraiment des lamas partout et des montagnes aussi. Ça permet d’avoir de jolies compositions:




Après notre première rencontre avec des lamas et vicuñas, nous continuons notre route jusqu’au canyon de l’anaconda.
C’est un grand canyon dont la forme serpente (d’où son nom).
La voiture nous a déposés proche d’un promontoire sur lequel il est facile de grimper pour 1) prendre des photos 2) avoir un vertige intense.



Nous continuons ensuite notre route vers un endroit appelé valle de las rocas. Au final, plusieurs lieux ont le même nom puisque celui-ci veut juste dire “vallée des roches”.
Comme toujours, notre guide nous laisse nous approcher, grimper si l’on désire tout en nous mettant en garde contre les éventuels morceaux de roche qui peuvent se détacher.


Après avoir exploré un peu la vallée, nous continuons notre route jusqu’à la Valle de Los Perdidos Italianos (vallée des Italiens perdus). Selon la légende, des Italiens se seraient perdus dans cette vallée de pierre puisqu’à l’époque, la roche volcanique autour aurait affecté leurs boussoles.
Dans cette vallée, une formation rocheuse particulière offre de belles prises pour grimper, ce qui permet de prendre des photos du paysage. Le soleil commençait gentiment à se coucher et offrait de belles lumières sur le paysage.

Dans cette vallée, nous avons pu rencontrer de nouveaux animaux: les viscaches.




Ce sont des animaux de la famille des chinchillas. Ils se déplacent aisément sur les rochers, mais si on reste à une distance raisonnable, ils n’ont pas particulièrement peur.
Dernier arrêt avant notre auberge, des formations rocheuses évoquant des formes connues:
Un dromadaire

La coupe du monde de foot que la Bolivie n’a jamais eu
Selon les paroles de notre guide.

Nous arrivons enfin à notre premier hébergement. Une auberge dans laquelle nous allons partager la chambre avec le couple qui est avec nous dans la voiture.
Qu’avons-nous dans cette auberge:
- un lit chaud ✅
- des toilettes ✅
- une douche ✅
- une douche chaude ❌
Il y a beaucoup de systèmes de douches électriques en Bolivie. La plupart des maisons n’ont pas de ballon d’eau chaude ou de chauffe-eau tout court. La douche électrique est donc le seul moyen de faire chauffer de l’eau pour la douche.
Comment ça fonctionne?
À l’intérieur du pommeau se trouve un corps de chauffe. On trouve donc une arrivée d’eau, et des fils électriques sur notre pommeau de douche. Rien de mieux pour se mettre en confiance avant la douche.
Il faut bien le dire, certaines de ces installations ont l’air très amateurs. Il peut donc arriver que si le pommeau n’est pas bien installé et que l’on touche la poignée, on se prenne un petit choc ⚡️.
Deuxième jour
La nuit a été rude. Je me suis réveillé avec un puissant mal de tête, peut-être dû à l’altitude ou peut-être autre chose. Heureusement, c’est parti assez vite. Une fois réveillés, nous finissons de préparer nos sacs et allons déjeuner. Nous avons droit à un beau déjeuner avec du jus d’abricot, des boissons chaudes (thés ou cafés) ainsi que du pain, de la margarine et de la confiture. Parfait pour se réveiller en douceur et prendre des forces pour la journée (pas que nous en ayons beaucoup besoin, nous restons assis toute la journée dans la voiture).
Nous chargeons ensuite nos bagages sur les voitures et prenons place à bord de nos véhicules respectifs.
Notre trajet nous fait passer par une étendue sèche de bauxite. La bauxite est utilisée pour fabriquer l’aluminium.

Encore plus de vicuñas sur la route jusqu’à notre prochain arrêt.


Des bains chauds!


Pour 15 bolivianos (un peu moins de 2 francs), nous pouvons nous baigner et utiliser les toilettes. Les bains étaient annoncés à 28°C et 35°C et la température du bain le plus chaud me rappelait bien les onsens japonais.
Nous continuons notre route en direction du désert de Dali (il semblerait que le désert fasse penser à une de ses peintures, bien que je n’ai pas su faire le lien moi-même).
Nous observons au loin des montagnes dont les couleurs font penser à un glacier qui descend le long du flanc de la montagne (bien qu’il n’y ait aucune glace).

Nous arrivons ensuite à la frontière avec le Chili. Nous pouvons observer le Licancabur avec la lagune verte (Laguna Verde). La composition de la lagune la rend particulièrement nocive pour toute forme de vie puisqu’elle a une forte concentration de cuivre (ce qui lui donne sa couleur), mais aussi d’arsenic ou de magnésium.
Avant d’arriver devant la lagune, un vicuña décide de poser pour moi devant le Licancabur.


Nous retournons sur notre chemin et dînons en face des thermes. Il y a un espace mis à disposition des tours opérateurs pour préparer à manger ainsi qu’une cafétéria dans laquelle nous pouvons nous restaurer.
Sur le chemin de l’auberge, nous nous arrêtons à côté d’un geyser. Des marques faites avec des pierres jonchent le sol pour indiquer les chemins, mais il faut rester bien attentifs puisque des trous se forment même en dehors des marques. Il vaut mieux avoir le pas sûr.


Nous terminons notre journée avec la visite de la lagune colorée (Laguna Colorada).
C’est une réserve où l’on peut trouver plus de 2000 flamants roses de différentes sous-espèces.



Nous rentrons ensuite à l’auberge qui se situe à 10 minutes en voiture de la lagune. L’auberge est vraiment perdue au milieu de nulle part et n’est pas reliée au réseau électrique (ou internet). L’eau est disponible, mais bien entendu pas potable. Nous devions normalement dormir dans une chambre commune, mais les chambres n’avaient que 3 lits au maximum et nous étions 4. Nous avons donc pu profiter d’avoir une chambre pour nous seuls.
Les aubergistes font tourner un générateur afin d’avoir l’électricité (et donc la lumière) ainsi qu’une connexion internet grâce à une antenne Starlink.
Nous profitons de souper un bon Pique Macho (qui n’était pas piquant pour convenir aux palais européens non initiés) et nous nous couchons avant 22 heures, heure du couvre-feu.
Troisième journée
Le réveil a été moins dur que le précédent, mais le mal de tête était malheureusement revenu.
Je dois bien l’avouer, le fait d’avoir eu des pancakes pour le déjeuner a aidé à faire partir l’inconfort. Rien de mieux que de bons pancakes pour démarrer la journée.
Durant la nuit, il y avait pas mal de vent, ainsi qu’un peu de pluie. Le toit est simplement une tôle posée sur les murs. La tôle est maintenue en place par des poids (ici, de gros rochers, mais j’ai vu des pneus de voiture aussi).

Juste avant d’embarquer, un lama se décide à poser devant une des seules montagnes enneigées.

Nous prenons ensuite la route en direction de formations rocheuses, dont une ressemble particulièrement à un arbre.

D’autres ne tiennent pas à grand chose.

Nous continuons ensuite vers la lagune Kara où nous retrouvons des flamants.



Après notre bref arrêt, nous visitons la lagune noire où nous pouvons apercevoir des canards noirs (le nom du lac ne vient pas du canard).

Nous mettons ensuite les voiles vers Uyuni, dernier arrêt de notre parcours. Nous passons par un magasin afin de louer des bottes. Il s’avère que le désert de sel s’est transformé en lagune de sel à cause des pluies abondantes des derniers jours.
Il vaut donc mieux s’équiper afin de ne pas mouiller ses chaussures (avec de l’eau salée) ou d’aller pied nu.
Il semblerait que ma pointure (45 EU) n’est pas particulièrement répandue en Bolivie. Les gens sont plutôt de petite taille et leurs pieds aussi. Je n’avais donc le choix qu’entre une paire de bottes taille 48 (elles avaient l’air assez neuves 😄) ou une paire taille 44 (mais qui taillait assez grand) avec un trou dedans.
Je n’avais pas super envie d’essayer la botte aquarium, mais c’était la seule option. Heureusement, notre chauffeur a besoin d’un kit de réparation complet pour la voiture si un pépin arrive au milieu de nulle part. Il avait donc de quoi rafistoler la botte.
Avant de rejoindre notre hôtel, nous faisons une halte au cimetière de train d’Uyuni. C’est à peu près aussi passionnant que ça en a l’air. Pratiquement aucune explication sur place et quelques vendeurs qui proposent leurs marchandises.

Non, il n’y a vraiment rien de plus que juste des carcasses de train.
Qui dit Uyuni (et donc désert de sel), dit hôtel de sel. Au final, quand la matière première est juste sous vos pieds pour fabriquer un bâtiment, pourquoi aller chercher plus loin. Ceci dit, ça vient avec ses propres problèmes. Le sel se dissolvant dans l’eau, quand il pleut, le bâtiment s’érode un petit peu. Il faut donc protéger les façades et le refaire chaque année.
Notre auberge n’était pas la même que pour le groupe qui était dans l’autre voiture. Ils avaient tous pris les chambres privées et dans l’auberge dans laquelle nous étions, il n’y avait pas de chambres privées. De même, dans leur hôtel, il n’y avait pas de chambres communes. Nous avons donc logé de manière séparée.
Leur hôtel se trouve juste à côté du salar et l’hôtel qui est en face offre une grande roue.

Lors de notre tour, nous faisons deux visites du salar d’Uyuni. Une au coucher du soleil et une au lever du soleil.
Malheureusement, le coucher du soleil n’était pas au rendez-vous.

Nous avons eu le droit à une belle couche de nuages.
Ça n’empêche pas de faire des photos, mais pas de soleil.


Voyant que le coucher du soleil n’allait pas être visible, nous sommes rentrés en direction de l’hôtel de l’autre groupe pour manger une lasagne. Le tout servi avec des bouteilles de vin. Nous nous sommes vraiment régalés tout du long.
Après notre festin, nous rentrons dans notre auberge de sel et essayons tant bien que mal de dormir malgré un autre groupe de français qui s’excitait en jouant au loup-garou.
Quatrième et dernière journée
Le réveil fut assez dur, mais pour une fois, pas de mal de tête. Le but de la journée est de voir le lever du soleil sur le salar. Notre espoir n’était pas particulièrement grand en voyant la couche de nuages du jour précédent et le déluge sans fin auquel nous avons eu le droit durant la nuit.
Pas manqué, nous avons eu le droit à un jour blanc.
Ceci dit, ça donne des photos assez cool selon mon opinion.


Voici donc le lever du soleil auquel nous avons eu le droit.

Au final, peu importe la météo, le salar offre toujours une vie assez exceptionnelle. Il est possible de faire des photos avec des ambiances éthérées.


Il ne faut pas oublier qu’avec notre lever aux aurores, nous n’avons pas encore déjeuné. La raison étant que nous allons profiter des installations d’un ancien hôtel qui se trouve sur le salar pour le faire.
C’est aussi à cet endroit que se situe le monument au Dakar.

L’entièreté des murs du bâtiment est faite en sel. Les sièges et les tables sont aussi faits de sel, tout comme les décorations.

Une fois notre déjeuner ingurgité, nous repartons en 4x4 pour faire quelques photos et profiter un peu du salar.

Nous ne roulons pas très vite parce que l’eau qui se trouve sur le salar est gorgée de sel et de lithium, ce qui est particulièrement nocif pour le châssis de la voiture, mais aussi l’électronique.
Ceci dit, ça n’empêche pas certains d’aller à fond.

Mais visiblement, le meilleur moyen pour éviter l’eau reste de le faire en avion 🛩️.


Nous repartons en direction d’Uyuni où nous mangeons un dernier dîner. Après notre repas, nous disons au revoir aux retraités qui rentraient vers Tupiza et nous allons en direction du terminal de bus. Le couple qui nous avait accompagné dans la voiture partait en direction de Tarija (ville viticole de la Bolivie) et nous partons vers Sucre, capitale de la Bolivie. Notre bus part à 22 heures et au moment de l’au revoir, il est seulement 14 heures. Nous profitons donc d’acheter notre ticket de bus et laissons nos affaires dans le bureau de la compagnie de bus.
Nous avons passé notre journée dans un café qui offrait de bons flats whites et qui était ouvert jusqu’à 20 heures. Nous repartons en direction du terminal de bus où nous attendons 22 heures avec ce doux bruit de fond.
(Les agentes des compagnies de bus crient leurs prochains bus qui vont partir.)