Kevin Grandjean

Ushuaïa

mercredi 12 février 2025

Ushuaïa ou la fin du monde, comme ils aiment le rappeler sur place. Il y a bien un aspect de fin du monde quand on arrive. Mi-février, l’été austral est bien entamé, mais les signes de l’été ne sont pas vraiment présents à Ushuaïa. Si je pouvais comparer à une saison, ce serait un hiver pas trop froid et pluvieux en Suisse. C’est à peu près l’ambiance que me rappelle la météo à laquelle nous avons eu droit.

Est-ce vraiment la fin du monde, cependant? Pas vraiment. Ushuaïa est une destination touristique pour son parc national (Tierra del Fuego), son train de la fin du monde, son histoire liée aux prisonniers. Mais ce n’est définitivement pas la fin du monde. Plus au sud, du côté du Chili se trouve Puerto Williams qui est un village de pêcheurs encore plus au sud qu’Ushuaïa. Mais Ushuaïa gagne ce titre en étant la “ville” la plus au sud du monde.

Le tourisme est très visible comme activité. Les transferts depuis les hôtels vers le parc national ou encore vers la station de train de la fin du monde sont fréquents. Mais aussi les paquebots qui s’arrêtent à Ushuaïa pour visiter la région ou les bateaux qui se préparent à traverser le passage de Drake pour rejoindre l’Antarctique. Voici peut-être justement ce qui est encore plus à la fin du monde qu’Ushuaïa même.

Enfin bref, un trajet en bateau depuis Ushuaïa vers l’Antarctique représente un sacré budget à prévoir (plusieurs milliers de francs pour le voyage). Ça ne rentrait pas vraiment dans le “budget tour du monde”.

La durée de notre séjour à Ushuaïa a principalement été dictée par le coût des avions et il s’avère que, vu le peu de jours que nous avons pu faire complètement sur place, il aurait peut-être été préférable de sauter la destination et d’y revenir une autre fois.

L’aéroport d’Ushuaïa n’est vraiment pas grand. Il ne dispose que d’une seule piste pour les atterrissages et décollages, ainsi que d’un seul point d’accès. Donc l’avion doit aller en bout de piste, faire demi-tour et décoller.

Le bâtiment de l’aéroport en lui-même est plutôt agréable pour un petit aéroport. La sécurité est facile et le bâtiment est aussi particulier, puisque presque tout en bois.

Nous avons profité de nous balader dans la ville d’Ushuaïa. Il y a quelques bâtiments aux toits aux couleurs vives.

Un signe avec le nom de la ville et une épave posée là pour les photos.

Et la nuit à Ushuaïa se fait attendre. Le soleil se couchant vers 21 heures, il était dur de se repérer dans le temps juste avec la lumière du soleil, surtout que deux semaines plus tôt, on était à Montréal où le soleil se couchait extrêmement tôt.

Il y a un certain charme à voir les montagnes enneigées en plein milieu de l’été.

Pour notre première (et en grande partie dernière activité) dans la région, nous avons pris un transport jusqu’à la gare de la fin du monde (d’où part le train de la fin du monde).

Ushuaïa a été dans le passé une colonie pénitentiaire où étaient envoyés les prisonniers les plus dangereux. Le train de la fin du monde (Tren del Fin del Mundo) a été construit et opéré par les prisonniers. Le train servait principalement pour le transport de bois d’une forêt voisine d’Ushuaïa.

Après que la colonie pénitentiaire a cessé son activité, le train a été abandonné jusqu’à ce qu’il soit remis en service à des fins touristiques. Le tracé suit donc à peu près le tracé initial et se termine au sein du parc national.

Notre voyage commence à la gare de la fin du monde où l’on peut voir de nombreux drapeaux de pays et de régions pendus ou accrochés.

En sortant sur le quai, on peut apercevoir une ancienne tour de guet pour observer les prisonniers à l’époque.

Le tracé jusqu’au parc national n’est pas très long (environ 7 kilomètres). Mais il faut tout de même 45 minutes à l’aller pour arriver à la station du parc national. Deux raisons pour cette vitesse: 1) il y a une pause de 15 minutes à une station intermédiaire pour visiter la cascade de la Macarena. 2) c’est un petit train à vapeur.

Le tracé du train nous emmène ensuite à travers la forêt qui était coupée à l’époque par les prisonniers. Il ne reste plus que des souches et une plaine qui va jusqu’aux montagnes au loin.

Notre dernier arrêt est la station du parc national (estacion parque nacional).

À partir de là, nous sommes au sein du parc national. Normalement, les passagers du train sortent, respirent un peu l’air frais et repartent en direction de la gare de la fin du monde. Cependant, il est possible de rester pour aller randonner dans le parc et reprendre un train plus tard. Il faut juste s’annoncer au chef de train pour qu’il fasse signer un papier qui nous indique que nous restons sur place de notre propre gré et que la compagnie de train n’est pas responsable s’il nous arrive quelque chose. Ils indiquent aussi l’heure à laquelle nous pourrons prendre le prochain train. Très rassurant…

La raison principale pour laquelle la compagnie fait signer ce papier est que la couverture réseau au sein du parc national est pratiquement inexistante. S’il faut appeler les secours, ou même juste un taxi pour rentrer, ça peut être compliqué. En pratique, il y a toujours assez de monde dans le parc durant la journée pour que ce ne soit pas un problème. Mais si nous devions rester jusqu’au soir, ça pourrait le devenir.

Une fois le papier signé, nous nous engageons vers la baie à partir de laquelle démarre le sentier côtier (senda costera). Avec le temps que nous avons jusqu’à notre prochain train, nous ne pourrons faire que la moitié du sentier et faire demi-tour.

Lorsque l’on arrive à la baie, on peut apercevoir le bureau de poste de la fin du monde (encore une fois, pas sûr qu’il n’y ait aucun bureau de poste en Antarctique).

Malheureusement, il semblerait que le bureau soit fermé depuis quelques temps. Mais il était possible d’envoyer des cartes postales depuis ce bureau de poste et de tamponner son passeport avec un seau de la fin du monde.

Le sentier côtier offre une vue sur les montagnes chiliennes qui se dressent de l’autre côté du canal et nous mène à travers forêts et plages. Avec l’ambiance sinistre, les quelques couleurs de l’herbe ou de la pierre en ressortent que plus vivement.

En marchant le long du sentier, nous avons pu rencontrer quelques animaux. En premier, une Ouette de Magellan (femelle au premier plan en clair et mâle en arrière plan en sombre).

Plus surprenant qu’une oie locale, il y avait des chevaux sauvages. Ce n’est pas quelque chose que l’on trouve en Suisse, d’où ma surprise quand on les a vu la première fois.

J’y ai même aperçu une licorne dans les bois 😅.

Une fois arrivés à la moitié du sentier, nous faisons demi-tour et rentrons à la gare pour attendre notre train. Il vaut mieux essayer de viser le plus juste possible par rapport à l’heure indiquée par le chef de train, puisque, si vous arrivez en retard, vous n’avez plus de trains. Mais si vous arrivez trop en avance, vous n’avez rien à faire et pas vraiment d’endroit où s’abriter du vent et du froid. Il vaut mieux venir équipé pour toutes les possibilités (c’est une règle de manière générale en Patagonie. Prévoyez quatre saisons en une journée.

Notre train arrive en grande pompe et nous ramène jusqu’à la gare où nous prenons un taxi pour nous ramener en ville.

Nous profitons du lendemain pour organiser la suite de notre voyage et nous n’avons donc pas fait d’autres randonnées à Ushuaïa.

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